THIS THIS NOWHERE, AND IT’S FOREVER (curation)
"Le fond de la galerie fait un peu peur. Je me penche sur le travail étrange des machineries suspendues : un bassin recouvert de poussière, la tuyauterie sans direction et un Noël éternel.
Je négocie mon chemin jusqu’ici, sous le plafond en miroir. Je pense à Marnie et Denis qui parlent au gérant, enfermé·e·s dans le sas de la bijouterie.
Ici, c’est vraiment nulle part; c’est comme un couloir consommé jusqu’à l’os et qu’on se figure dissout dans une clarté de néon. En fait, je crois à la vie de spectres du non-lieu, à cet espace qu’on devrait voir apparaître si on l’attaquait à l’acétone, une représentation trop publicitaire du réel : un ailleurs de derrière l’ailleurs, ma communauté de réparation.
Les commerçant.e.s nous ont fait un accueil étonné avant de nous ouvrir des fonds de commerce sombres qui ressemblaient à des chantiers. J’ai donc noté : ne surtout pas trahir l’idée de chantier, ni celle de fantôme.
La lumière ne s’allume pas dans celui-ci. Si je reste immobile, c’est comme si mon corps se dissolvait : voilà comment on fait les spectres. Une présence s’oublie, rendue aux débris.
Celles et ceux qui marcheront après moi auront simplement plus froid que dans le reste de la ville.
Un royaume de zones commerciales annulées, des jungles de solvants et de poussières – je suis là, un petit peu, avec tous les business qu’on aurait pu monter. Je suis sur les rotules comme un cyborg, je ne sais plus où je commence."
Nous vous invitons à This is Nowhere, and it’s Forever, moins une exposition qu’une sorte de chantier, un moment de présence, de travail et de rencontre sur 7 jours qui se tient dans un magasin délaissé de la Galerie Louise en présence des artistes invité·e·s, des commerçant.e.s voisin.e.s et des visiteur.euse.s.
Il s’agit d’investir un espace atemporel, hanté par l’insistance des spectres contraires de son délabrement et de ses potentielles activations.
Ce moment de création et de convivialité est l’occasion de s’interroger sur les trous d’airs fantomatiques, sur les réminiscences étranges qui peuvent se manifester dans ces non-lieux produits en série par le capitalisme tardif.
Texte par Paul Perrucon
"Le fond de la galerie fait un peu peur. Je me penche sur le travail étrange des machineries suspendues : un bassin recouvert de poussière, la tuyauterie sans direction et un Noël éternel.
Je négocie mon chemin jusqu’ici, sous le plafond en miroir. Je pense à Marnie et Denis qui parlent au gérant, enfermé·e·s dans le sas de la bijouterie.
Ici, c’est vraiment nulle part; c’est comme un couloir consommé jusqu’à l’os et qu’on se figure dissout dans une clarté de néon. En fait, je crois à la vie de spectres du non-lieu, à cet espace qu’on devrait voir apparaître si on l’attaquait à l’acétone, une représentation trop publicitaire du réel : un ailleurs de derrière l’ailleurs, ma communauté de réparation.
Les commerçant.e.s nous ont fait un accueil étonné avant de nous ouvrir des fonds de commerce sombres qui ressemblaient à des chantiers. J’ai donc noté : ne surtout pas trahir l’idée de chantier, ni celle de fantôme.
La lumière ne s’allume pas dans celui-ci. Si je reste immobile, c’est comme si mon corps se dissolvait : voilà comment on fait les spectres. Une présence s’oublie, rendue aux débris.
Celles et ceux qui marcheront après moi auront simplement plus froid que dans le reste de la ville.
Un royaume de zones commerciales annulées, des jungles de solvants et de poussières – je suis là, un petit peu, avec tous les business qu’on aurait pu monter. Je suis sur les rotules comme un cyborg, je ne sais plus où je commence."
Nous vous invitons à This is Nowhere, and it’s Forever, moins une exposition qu’une sorte de chantier, un moment de présence, de travail et de rencontre sur 7 jours qui se tient dans un magasin délaissé de la Galerie Louise en présence des artistes invité·e·s, des commerçant.e.s voisin.e.s et des visiteur.euse.s.
Il s’agit d’investir un espace atemporel, hanté par l’insistance des spectres contraires de son délabrement et de ses potentielles activations.
Ce moment de création et de convivialité est l’occasion de s’interroger sur les trous d’airs fantomatiques, sur les réminiscences étranges qui peuvent se manifester dans ces non-lieux produits en série par le capitalisme tardif.
Texte par Paul Perrucon
exposition collective, ex librairie Libris de l’espace Louise, Bruxelles, BE
(8-14 mai 2023)
Une exposition à l’initiative de Luke Luke Luke & Lena Hager,
co-dirigé & assisté par Eve Ida Fiertag, Luna Lambert & Paul Perrucon
avec :
VINCENT BENTOLILA, RUNE BERING, RACHEAL CROWTHER, LOUIS DAVID, ROMÉO DINI, JACQUES DI PIAZZA, LAMBERT DUCHESNE, LENA HAGER, LUNA LAMBERT, LUKE LUKE LUKE, PAUL PERRUCON, ROGERGOON, EMMA VAN DER PUT, COLLECTIF DERNIER SOUFFLE – SIBYLLE DE LA GIRAUDIÈRE, PIERRE BOYER & JÉRÉMY REYNAUD
︎︎︎ toute la documentation de l’exposition ici ︎